Maurice Joron (1883-1937)

Être peintre au XXe siècle

Maurice Joron (1883-1937) :

Portrait d'un peintre portraitiste

Issu d’une vieille famille bryarde, les Jactard, le peintre Maurice Joron (1883-1937) est un brillant portraitiste, actif entre les années 1900 et 1930. Le musée Adrien Mentienne conserve une belle collection d’œuvres de ce peintre grâce à un important don fait par sa fille, Marie-Louise, en 1995. Découvrez la vie et le parcours de cet artiste méconnu !

La génèse d'un artiste


La famille Jactard devant la ferme au 6 Grande Rue Charles de Gaulle. Photographie. Vers 1910
La famille Jactard devant la ferme au 6 Grande Rue Charles de Gaulle. Photographie. Vers 1910

On peut y reconnaître Augustine Jactard, la mère de Maurice, au premier plan à gauche tenant un enfant.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Vous ne connaissez pas Maurice Joron ?

Né à Montmartre en 1883, le peintre Maurice Joron est lié à Bry-sur-Marne par sa famille maternelle, les Jactard, une très ancienne famille de cultivateurs bryards qui possédait une ferme à l’entrée de la Grande Rue. En 1995, la fille de Maurice Joron, Marie-Louise, a donné à la commune 155 peintures, dessins et sculptures qu’elle tenait de son père, ainsi que l’ancienne ferme familiale. C’est dans cette ferme, l'un des plus anciens bâtiments de la ville, que la collection Maurice Joron est aujourd’hui présentée. 

Inscrite à l'inventaire réglementaire, la collection Maurice Joron est régulièrement enrichie par des acquisitions. Artiste reconnu et très actif en son temps, Maurice Joron a répondu à de nombreuses commandes en France comme à l'étranger. Il n'est donc pas rare de retrouver ses toiles sur le marché de l'art. 

En outre, au délà des oeuvres de son père, c'est l'ensemble des archives familiales et personnelles de Maurice Joron qui nous ont été confiées par sa fille, Marie-Louise, décédée en 2020.

Portrait d'Adolphe et Olympe Jactard. Daguerréotype. Attribué à Louis Daguerre. 2nd quart du XIXème siècle
Portrait d'Adolphe et Olympe Jactard. Daguerréotype. Attribué à Louis Daguerre. 2nd quart du XIXème siècle

Adolphe et Olympe Jactard sont les arrière-grands-parents du peintre Maurice Joron, par sa mère. 

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.301

Portrait photographique d'Adolphe Jactard âgée, assis avec une canne. Attribué à Louis Daguerre. 4ème quart du XIXème siècle
Portrait photographique d'Adolphe Jactard âgée, assis avec une canne. Attribué à Louis Daguerre. 4ème quart du XIXème siècle

Adolphe Jactard était un grand ami du célébre inventeur, venu finir ses jours à Bry-sur-Marne au milieu du XIXe siècle.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.302

Marie-Louise Joron. Photographie. 1930
Marie-Louise Joron. Photographie. 1930

Deuxième enfant de Maurice Joron, elle a conservé les oeuvres de son pères dans la ferme Jactard avant d'en faire don à la ville de Bry-sur-Marne en 2010. 

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Grande Rue. Café de la mairie. Carte postale. 1911.
Grande Rue. Café de la mairie. Carte postale. 1911.

Sur la droite, à l'entrée de la Grande Rue, on distingue la ferme de la famille Jactard.

© Musée Adrien Mentienne (collection carte postale )

MAM H.6.GRAN.8 

Maurice Joron en bas âge. Photographie
Maurice Joron en bas âge. Photographie

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Une passion contrariée

Maurice Joron manifeste très tôt un réel don pour le dessin, en particulier le portrait, qu’il pratique au détriment de ses études. Pour remonter ses notes, il est envoyé en pension à Melun où il restera jusqu'à ses 15 ans. Mais sans grand effet, la seule matière où il obtient un prix est... le dessin. Durant toute sa jeunesse, il entretient donc des relations difficiles avec ses parents. 

Sa mère, Augustine Jactard, une femme au tempérament rude, ne lui témoigne pas beaucoup de tendresse. Réputée autoritaire et très économe, elle mène la vie dure à Maurice en lui préférant son frère Gaston.

Son père, Paul Joron, est un entrepreneur dans les métiers du bâtiment. Lui aussi a été passionné de peinture étant jeune mais n'a pas osé s'aventurer dans cette carrière incertaine, préférant se consacrer pleinement à cette passion à sa retraite. Paul est complétement opposé au rêve de son fils, il l'envoie en apprentissage chez un peintre-verrier en 1898. Mais Maurice rêve toujours de faire carrière dans la peinture.

Durant toute cette période, les parents de Maurice Joron ne lui accorderont qu'un très faible soutien moral et financier.

Mme Paul Joron née Augustine Jactard. Photographie
Mme Paul Joron née Augustine Jactard. Photographie

Mère de Maurice Joron.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Paul Joron. Photographie
Paul Joron. Photographie

Père de Maurice Joron.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Carte scolaire de Maurice Joron aux Beaux-Arts. Vers 1900
Carte scolaire de Maurice Joron aux Beaux-Arts. Vers 1900

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

L'atelier Cormon et les Beaux-Arts

Fondé en 1882 par Fernand Pierste dit « Cormon » (1845-1924), l'atelier éponyme est à l'origine un atelier libre où les jeunes peintres pouvaient venir préparer les concours d'admission à l'Académie des Beaux-Arts. Son fondateur était un peintre académique ayant réalisé une grande carrière sous la IIIe République. Régulièrement médaillé au Salon de l'Académie, il obtient même la Légion d'honneur pour une toile sur le mythe de Caïn. Réputé ouvert d'esprit et conciliant, il donne à ses élèves un enseignement classique mais relativement laxiste.

Là où l'Académie reposait sur des cours théoriques, avec une pratique empirique sous la forme de concours, les ateliers privés comme ceux de Cormon se distinguaient par la liberté pratique accordée aux élèves. Principalement issus de bonnes familles, ceux-ci pouvaient y trouver du matériel de peinture, des bustes, des séances avec modèles et les travaux des précédents élèves recouvrant les murs. Le professeur ne se rendait que rarement à l'atelier (entre une et deux fois par semaine pour Cormon), les élèves restaient donc la plupart du temps en autonomie.

De grands noms sont passés par cet atelier avant tels que Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), Vincent Van Gogh (1853-1890) où encore Henri Matisse (1869-1954), avec des expositions au Salon de l'Académie des Beaux-Arts dès la création de l'atelier en 1882. L'atelier, lieu d'émulation artistique, est influencé par l'impressionnisme dès sa création, occasionnant quelques accrochages avec le maître jugé trop académique. Si certains élèves (Charles Laval (1861-1894), Toulouse-Lautrec, Emile Bernart (1868-1941)) rompent avec l'atelier pour embrasser le modernisme, il semble cependant que l'enseignement promulgué par Cormon et ses successeurs n'ait pas été fortement touché par la « révolution impressionniste ».

Portrait de Madame Louise Tavernier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 2e quart du XXème siècle
Portrait de Madame Louise Tavernier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 2e quart du XXème siècle

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.4

Madame Louise Tavernier

Maurice Joron fait la rencontre de Louise Tavernier alors qu'il n'a que 17 ans : une rencontre qui va changer sa vie. Amie de ses grands-parents Jactard, Mme Tavernier est une riche veuve parisienne de 70 ans qui tient un salon littéraire près du parc Monceau où se côtoie le « tout Paris ». 

Une relation profonde et tendre va se nouer entre le jeune peintre en quête d'une figure maternelle et sa mécène qui a perdu son unique fils. Mme Tavernier décide d'investir dans ce jeune artiste prometteur : elle l'héberge lui et son atelier, lui achète son premier tableau et engage l'abbé Thiriot pour rattraper son retard scolaire. Et avec succès : lui qui détestait l'école devient boulimique de lectures.

C'est sa mécène qui lance véritablement la carrière de Maurice : elle fait installer son atelier chez elle, lui présente de potentielle client et paye ses études aux Beaux-Arts. Elle sert également de modèle pour le peintre, qui peut ainsi travailler sa technique tout en étudiant les effets de l'âge et l'évolution du visage de sa bienfaitrice.

Portrait de Madame Louise Tavernier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1919
Portrait de Madame Louise Tavernier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1919

Maurice Joron peint beaucoup sa mécène. Sans rien cacher de ses marques de vieillesse, il rend ici un portrait vrai et plein de tendresse.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.3

Portrait de Madame Louise Tavernier très âgée. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1930
Portrait de Madame Louise Tavernier très âgée. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1930

Ici âgée de 102 ans, la femme que Maurice Joron appelait «maman» et lui répondait « mon petit poulet » s'éteint l'année suivant la réalisation de ce portrait.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.71

Portrait de l'abbé Thiriot. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1900
Portrait de l'abbé Thiriot. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1900

L'abbé Thioriot, le précepteur de Maurice Joron chargé de lui faire rattraper son retard en grec, latin , mathématiques, etc.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 16.4.3

Coucher de soleil à Venise. M. Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1918
Coucher de soleil à Venise. M. Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1918

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.15

Voyages formateurs

En plus des cours de rattrapage avec l'abbé Thiriot, Mme Tavernier fait voyager son jeune protégé dans toute l'Europe. Côte d’Azur, Florence, Naples, Venise, Amsterdam, Madrid, Grèce... aux quatre coins de l'Europe, Maurice Joron croque paysages et oeuvres de grands maîtres.

Ces dessins serviront de modèles de référence pour tout le reste de sa carrière, et marquent une période d'expérimentation pour le jeune peintre. C'est à cette époque que Maurice Joron décide de quitter les Beaux-Arts, lassé des peintures enseignées qu'il juge « trop classiques ». Lors de ses voyages il s'essaye alors à de nombreux genres picturaux ; paysages, intérieurs, natures mortes. De retour à Paris, il installe son atelier chez Mme Tavernier et retourne à ses essais.

En bref, Maurice Joron se cherche et se découvre en tant qu'artiste peintre.

Paysage de la Côte d'Azur. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1910
Paysage de la Côte d'Azur. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1910

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.23

Bord de lac. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1910
Bord de lac. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1910

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.33

Bouquet de roses. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1900
Bouquet de roses. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1900

Inspiré par le mouvement impressionniste, Maurice Joron s'essaye aux natures mortes.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.62

Quels maîtres pour Maurice Joron ?

François Ier roi de France de profil. Titien. Peinture à l'huile sur toile. 1538
François Ier roi de France de profil. Titien. Peinture à l'huile sur toile. 1538

Portrait de François Ier. Malgré la représentation « dépassée » de profil, Titien fait bien voir l'énergie et la noblesse du monarque.

Tableau issu des collections du Louvres.  

INV 753 ; MR 505.

Lors de ses voyages notre jeune peintre découvre de nombreux peintres dont il va s'inspirer. Comme Johannes Vermeer (1632-1675), peintre de genre néerlandais, ou encore Franz Hals (1580/1583-1666) portraitiste néerlandais baroque. 

Mais la grande référence de Maurice Joron est Titien (en image de fond).

Titien (1488/1490-1576) est un peintre italien de la Renaissance. Chef de file de « l'école de Venise », ses contemporains et successeurs le reconnaissent comme un des grands maîtres de la peinture de son temps. Parmi toutes ses oeuvres ses portraits ont beaucoup marqués. Outre la justesse du dessin et des couleurs, on peut noter le grand souci du détail du maître italien et sa volonté de représenter l'aspect physique et moral de son sujet. Le soin apporté aux expressions aussi rend vivant les portraits, au point que certains contemporains y verraient presque du surnaturel ! 

Souci du détail, caractérisation physique et moral et rendre vivant son sujet... autant de leçons pour notre portraitiste en herbe.

À VOUS DE JOUER

Reconstitutez ce tableau de Maurice Joron le plus vite possible

Maurice Joron, portraitiste

Pas de sourire, c'est niais et c'est une devanture qui cache et n'a aucun intérêt. Mais avec tout le charme, la grâce, la séduction, les idées profondes les plus tristes et fatales : de ce contraste doit sortir quelque chose d'extraordinaire.

Maurice Joron


Portrait du Dr Georges Fourquier en uniforme militaire. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1919
Portrait du Dr Georges Fourquier en uniforme militaire. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1919

Ce portrait est celui du beau-frère de Maurice Joron : Georges Fourquier. Homme cultivé et militaire, il est ici représenté en uniforme un livre à la main pour illustrer ces traits de caractères. 

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.47

Maurice Joron et le portrait

Le portrait et Maurice Joron sont indissociables : dès son plus jeune âge d'ailleurs, il reproduit le portrait du prêtre au catéchisme. Bien que notre peintre se soit exercé à de nombreux genres, c'est bien le portrait en particulier qui a fait sa renommée d'hier et d'aujourd'hui. . 

Les portraits de Joron sont, dès l'époque, reconnus comme exceptionnels. Ce succès tient au style particulier du peintre. Il ne cherche pas à reproduire une simple apparence, mais au contraire à aller au-delà pour montrer la personnalité de ses modèles. Ceci passe d'abord par un grand sens de l'observation, puis par un souci particulier du détail : une mine sévère, un sourire, un regard... 

Nous ne disposons malheureusement pas de beaucoup d'informations sur les clients de Maurice Joron. Mais nous savons qu'ils font partie de la bonne société parisienne : acteurs, politiques ou bourgeois. Au départ connu par le salon de Mme Tavernier, la réputation et le succès de Joron va ensuite s'élargir à d'autres cercles et pour en faire l'un des portraitistes les plus prisés de son époque.

La majorité de ces portraits n'ont pas encore rejoints les collections du musée, mais de nombreux croquis et esquisses préparatoires y sont conservés !

Merci pour ce portrait si ressemblant, vous m'avez aidé à me connaître.

Cliente de Maurice Joron

Portrait de M. Chevalier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1923
Portrait de M. Chevalier. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1923

M. Chevalier était un ténor d'Opéra, ici représenté sous les traits de son personnage Werther. Le clair-obscur et l'expressivité du visage exprime le destin tragique du héros.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.2

Portrait de femme âgée. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur bois. 1920
Portrait de femme âgée. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur bois. 1920

Ce portrait, probablement celui de Mme Tavernier, dénote par son influence impressionniste. Le traits est moins précis pour se concentrer sur le jeu des couleurs et des tons.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.74

Portrait de jeune fille. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1918
Portrait de jeune fille. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1918

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.122

Portrait de Mme Paul Joron née Augustine Jactard. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile.1903
Portrait de Mme Paul Joron née Augustine Jactard. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile.1903

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 88.106

Le souci du détail

Ce portrait est celui de la mère de Maurice Joron : Augustine Jactard. Il représente bien ce souci d'aller au delà des apparences du peintre, pour faire ressortir la personnalité du sujet à travers la peinture.

Mme Jactard, issue d'un milieu relativement modeste, est ici représentée en tenue de soirée : robe noire, rubans jaunes et manches en dentelle. On retrouve aussi des gants blancs avec un bracelet scintillant, et enfin un éventail en plumes d'autruche qui évoque la haute société parisienne. L'idée ici n'est pas de livrer une représentation réaliste mais de mettre en avant le sujet pour lui donner du prestige, pratique commune à l'époque.

L'expression de Mme Jactard est sévère, tout comme son regard qui dévisage franchement le spectateur. Assise dans son fauteuil mais légèrement penchée en avant, on devine beaucoup d'autorité chez cette femme. Or on sait que celle-ci a été très dure avec Maurice, qu'elle dépréciait au profit de son frère Gaston. Fille de fermiers, Augustine a dirigé une ferme de basse-cour près de l'actuel musée Adrien Mentienne. Autant de traits et d'histoire personnels que la peinture de Maurice Joron permet de rendre par un « simple » portrait.

Intérieur de Maurice Joron présenté au Salon des artistes français de 1910. SAF. 1910
Intérieur de Maurice Joron présenté au Salon des artistes français de 1910. SAF. 1910

Cette reproduction du tableau de Joron est tiré du catalogue illustré du Salon des artistes français de 1910.

Ce document est consultable sur Gallica. 

Les premières reconnaissances

Très tôt dans sa carrière Maurice Joron est reconnu comme un jeune peintre prometteur. À 17 ans seulement en 1900, il expose pour la première fois au Salon des Artistes Français (S.A.F.) et y fait un passage remarqué. La presse salue ce jeune artiste prometteur et lui promet un brillant avenir. 

Maurice continue ensuite d'exposer au S.A.F., ce qu'il fera toute sa vie à l'exception de quelques années durant la Première Guerre Mondiale. Il y remportera même des médailles : en 1905 (mention honorable) pour un intérieur inconnu aujourd'hui, puis encore en 1907 (médaille 3e classe). Il en remporte enfin une dernière de 2e classe en 1909 avec la mention « hors-concours ». Malheureusement le musée Adrien Mentienne n'a pas encore pu acquérir les tableaux envoyés par notre peintre, la trace de certains ayant disparue.

Aidés par ces prix et articles élogieux, les commandes affluent. Principalement issues de la bonne société parisienne habituée du salon de Mme Tavernier, les clients se pressent et sortent Maurice de l'anonymat.

Sa carrière de peintre est véritablement lancée.


Suivez la carrière de ce peintre qui accomplit actuellement sa dernière année de service militaire, vous verrez qu'il ira loin.

Quotidien La Patrie, 2 mai 1910

Évidemment M. Joron n'a pas voulu faire une composition traditionnelle ; je crois qu'il y réussirait fort mal, car c'est avant tout un observateur de la vie vraie.

Journal Le Figaro, 30 avril 1912

C'est quoi le Salon des Artistes Français ?

Le Salon des Artistes Français (S.A.F.) est une exposition annuelle d'art pour les artistes français en peinture, sculpture ou dessin. Cette exposition voit le jour en 1881 et expose toujours aujourd'hui au Grand Palais à Paris, avec la réputation d'un salon assez ouvert aux jeunes artistes. Le S.A.F. est l'héritier direct du fameux « Salon de la peinture » ou simplement « Salon » qui a traversé l'histoire artistique française du XIXe siècle. 

Institué par l'Académie des Beaux-Arts en 1737, le Salon s'impose vite comme un lieu de rendez-vous unique et privilégié pour admirer les derniers chefs d'oeuvres français. Le but est alors de promouvoir le style artistique officiel et de faire connaître les élèves de l'Académie. Exposer au Salon est le but ultime pour un peintre français au XIXe siècle. C'est lors de cette exposition que se construit la renomée et la carrière d'un peintre, et qui ouvre les portes des commandes d'État ou de riches particuliers. Si l'aspect de promotion des jeunes artistes s'évanouit peu à peu, le Salon reste une vitrine de l'art français « officiel » ou « académique » c'est-à-dire soutenu et promu par le pouvoir (royal, impérial puis républicain).

Mais le Salon est aussi un lieu de conflits et de batailles entre « académiques » et « novateurs ». Ingres contre Delacroix, romantiques contre réalistes ou impressionnistes contre académiques. Ces conflits et la partialité du jury (chargé de la sélection des oeuvres présentés) émaillent peu à peu la crédibilité et la réputation du Salon. L'émergence de salons concurrents dans les années 1870 et 1880 sonnent la fin du monopole public et du Salon de l'Académie des Beaux-Arts en 1881. Le Salon des artistes français que nous connaissons aujourd'hui lui succède dès cette année, mais sans jamais atteindre la popularité et le statut de son illustre prédécesseur.

Arbre. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile et carton. 1902
Arbre. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile et carton. 1902

Cette simple peinture d'arbre montre bien toute l'influence impressionniste de Maurice Joron : nature au centre du sujet, prédominance des tons, importance mineure du tracé.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.60

Quel est l'état de la peinture en France au début du XXe ?

Le XXe siècle est une période d'explosion des genres pour la peinture française. Fauvisme, cubisme, surréalisme, dadaïsme... les courants et genre picturaux s'affranchissent toujours plus des règles classiques pour proposer une nouvelle vision de l'art et de la peinture. Cette multiplicité des courants s'explique par plusieurs facteurs, à commencer par la perte du monopole de l'art par l'Académie commencé avec la révolution impressionniste des années 1880.

Apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle, les impressionnistes étaient de jeunes peintres en rupture avec la peinture académique classique. Là où l'Académie prônait la supériorité du dessin (ou tracé) en peinture, eux mettaient en avant la couleur comme vecteur principale des émotions en peinture. Portés par une volonté de réalisme, ils souhaitaient renverser la hiérarchie des genres, en détrônant la peinture d'histoire pour le paysage et les scènes de genre. L'une des grandes marques des impressionnistes sont ainsi l'attention marquée portée sur la lumière, et les manières de la rendre par la peinture. Aspects artistiques très important dans la peinture de Maurice Joron, chez qui les tons et couleurs prédominent sur le tracé des figures. Cette influence impressionniste se retrouve notamment dans ses portraits et natures mortes.

Suite à la fermeture du Salon de peinture en 1881 et la multiplication de salons et d'expositions concurrentes, les artistes peintres dépendent moins de l'académie pour se faire connaître. De nouvelles galeries s'ouvrent et les artistes se réunissent en associations pour exposer ensemble. Ainsi les normes académiques reculent et perdent de leur prestige face à la nouvelle vague. Il ne faut cependant pas imaginer la disparition de cette esthétique académique en ce début de XXe siècle. Bien qu'en perte de vitesse beaucoup d'artistes, comme Maurice Joron, restent relativement classiques et ne revendiquent pas une peinture d'avant-garde. Ses portraits sont réalistes, et ses sujets de paysages ou de natures mortes sans prise de risque.

On constate aussi un changement dans le public en cette fin du XIXe et début du XXe siècle. Les amateurs et potentiels acheteurs de tableaux s'élargissent, et le marché de l'art s'organise pour faire de la peinture un véritable produit de consommation. Bien que la photographie soit déjà développée et rentrée dans les moeurs, le portrait reste un marché florissant au début du XXe siècle. Les bourgeois, enrichis par la révolution industrielle, voient dans cet art une manière prestigieuse de représenter leur réussite sociale et celle de leur famille. Les années 1920 en particulier connaissent une inflation formidable du marché de la peinture. Tout le monde s'arrache les tableaux et artistes les plus modernes, et l'on peut passer d'inconnu à richissime en une journée. 

C'est l'âge d'or des artistes peintres.


Quelques exemples de genres picturaux avant-gardistes du XXe 

Le tigre. Franz Mark. Peinture à l'huile sur toile. 1912
Le tigre. Franz Mark. Peinture à l'huile sur toile. 1912

Mouvement né dans les premières années du XXe siècle, le fauvisme est un prolongement de l'impressionnisme. La couleur est le coeur de la toile, au détriment du dessin, simplifié. Ces couleurs vives ne doivent pas représenter la réalité mais plutôt les émotions et ressentis de l'artiste.

Tableau isssu des collections du Lenbachhaus. 

G 13320 

Nature morte à la nappe à carreaux. Juan Gris. Peinture à l'huile sur toile. 1915.
Nature morte à la nappe à carreaux. Juan Gris. Peinture à l'huile sur toile. 1915.

Né au tout début du XXe siècle sous les pinceaux de Georges Braque et Pablo Picasso, le cubisme est un mouvement très avant-gardiste. Il repose sur la décomposition des objets en formes géométriques simples, et sur une déstructuration de la perspective. Ainsi plusieurs angles de vue d'un même objet peuvent être représentés sur la même toile.

Tableau issu des collections du Metropolitan Museum of Art (Met). 

2014.463

Le spectre du Sex-Appeal. Salvador Dali. Peinture à l'huile sur toile.1934. Reproduction
Le spectre du Sex-Appeal. Salvador Dali. Peinture à l'huile sur toile.1934. Reproduction

Mouvement majeur de l'entre-deux-guerres, le surréalisme est aussi moderne que pluriel. Porté par l'abandon de la vision du réel comme base de la peinture, les artistes surréalistes veulent proposer de nouvelles formes de perceptions. Cette vision artistique s'accompagne du développement de nouvelles techniques picturales comme le collage.

Reproduction d'un tableau issu des collections de la fondation Gala-Salvador Dali.

 

À VOUS DE JOUER

Reconstitutez ce tableau de Maurice Joron le plus vite possible

Comparez ensuite avec les tableaux ci-dessus. Vous verrez comme notre peintre s'en distingue !

Autoportrait avec sa pallete. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1930
Autoportrait avec sa pallete. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1930

Notre peintre se représente ici en tenue de campagne, bien peu réaliste pour la réalisation d'un autoportrait !

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.9

Un autoportraitiste ?

Maurice Joron est aussi un peintre qui a beaucoup pratiqué l'autoportrait, notamment grâce à une glace à trois faces. Comme pour ses commandes, Maurice ne cache rien de ses défauts et restitue une image de lui-même authentique et vraie. Outre l'exercice artistique et technique, Maurice peut ainsi s'observer vieillir et étudier les changements du temps sur son visage. Une étude intime que les oeuvres du musée Mentienne permettent de rendre. 

Cette pratique se développe à partir de la fin du XVIe siècle en suivant l'évolution du statut d'artiste. À mesure que celui-ci devient indépendant et maître du choix de ses sujets, la représentation de soi-même comme genre artistique se légitimise. Très répandu dans la peinture de la fin du XIXe-début XXe, Maurice Joron s'empare du genre de l'autoportrait dès le début de sa carrière.

Le musée Adrien Mentienne conserve beaucoup de ces autoportraits qui permettent de suivre l'évolution technique et artistique de leur auteur. De jeune peintre à la technique rude et touchée par l'impressionnisme, nous pouvons constater une évolution du « style Joron ». Les traits gagnent en précision et s'affinent, tandis que les tons s'adoucissent pour donner une plus grande impression de réalisme au tableau. 

Autoportrait. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1917
Autoportrait. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1917

Ici un autoportrait sur carton, alors que Maurice est âgé de 24 ans. Le regard et la figure sont sérieuse, la position est de trois quarts pour présenter plus de détails du visage.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.67

Autoportrait. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1929.
Autoportrait. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur carton. 1929.

Autre peinture sur carton, Maurice a vieilli et s'est rasé la barbe. La position reste de trois quart et permet de constater une calvitie naissante. Bien que toujours sérieuse l'expression est moins dure que douze ans auparavant.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.72

Autoportrait. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1934
Autoportrait. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1934

Dernier autoportait du peintre, il ne regarde plus le spectateur mais conserve son orientation. Les traits sont plus anguleux, et la lumière met en valeur son crâne toujours plus dégarni.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.101

Ligne de conduite : le naturel, l'agréable, le coulant, la gaîté, distraire coûte que coûte. Comprendre à fond, disséquer le mécanisme du cœur humain pour pouvoir agir le plus à coup sûr.

Maurice Joron

Maurice Joron et la Grande Guerre


Maurice Joron au front. Photographie. 1914
Maurice Joron au front. Photographie. 1914

De nombreuses photographies lors de la mobilisation de Maurice Joron nous sont parvenues.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Sa campagne.

Le 4 août 1914, soit au lendemain de la déclaration de guerre, Maurice Joron est mobilisé au sein de la 24e Compagnie du 246e Régiment d'Infanterie, matricule 4112 . Les premières semaines de guerre sont longues et monotones : le régiment de Joron, d'abord stationné à Fontainebleau, est envoyé vers la Meuse avant d'être redirigé vers l'Oise où il suit le repli français face aux avancées allemandes. Cette période de la vie de Maurice Joron nous est particulièrement bien connue, grâce aux nombreux documents qui nous sont parvenus. Maurice occupe son temps en croquant et esquissant ses camarades, ou en écrivant quotidiennement à Mme Tavernier.

Le 6 septembre, l'État major français décide de stopper la retraite et d'arrêter les allemands aux portes de Paris : la bataille de la Marne s'engage. Maurice Joron participe aux combats dans le secteur de l'Ourcq où il est atteint par un éclat de shrapnel à la cheville droite. Il n'est évacué du champ de bataille que deux jours plus tard et conduit à l'arrière-front près de Monthyon pour être soigné avec les autres blessés.

Il est ensuite conduit à l'hôpital de Rennes où il restera hospitalisé plus d'un an. Malgré 5 opérations chirurgicales, sa cheville ne sera jamais vraiment guérie et notre peintre gardera une raideur à droite qui l'handicape tout le reste de sa vie.

Maurice Joron sort de sa convalescence en 1915, et une nouvelle phase de sa carrière commence alors que la guerre s'éternise.

Maurice Joron (gauche) et son régiment à Fontainebleau. Photographie. 1914
Maurice Joron (gauche) et son régiment à Fontainebleau. Photographie. 1914

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Maurice Joron à l'hôpital de Rennes. Photographie. 1915
Maurice Joron à l'hôpital de Rennes. Photographie. 1915

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Carte d'invalidité de Maurice Joron. Vers 1936-1937
Carte d'invalidité de Maurice Joron. Vers 1936-1937

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Dans un lettre intitulée Ma Campagne envoyée à Mme Tavernier peu après les combats sur la Marne, Maurice Joron décrit son expérience du feu. Une lecture de cette lettre vous est proposée ci-dessous.

Soldat français debout blessé par un projectile. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914
Soldat français debout blessé par un projectile. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914

« Nous entrons dans la mitraille, les officiers nous exhortent pour surmonter la terrible impression que nous cause la grêle des balles ; nous avons un mort, [...]. »

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.130.D

Soldat français en position de tir derrière un arbre. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914
Soldat français en position de tir derrière un arbre. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914

« Le régiment progresse par vagues successives, les bonds se font par sections, selles se couvrent les unes les autres dans leur mouvement, elles ne tirent pas, les Allemands sont terrés et invisible. »

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.130.A

Soldat français jouant du clairon. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914
Soldat français jouant du clairon. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1914

« Pour reprendre en main leurs hommes, se regrouper et lancer un deuxième assaut, les officiers font sonner le rassemblement. La deuxième vague s'ébranle à la baïonnette. »

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.130.L

Une du "Crapouillot" de décembre 1916
Une du "Crapouillot" de décembre 1916

"Le Crapouillot" est un journal de tranchée satirique lancé en août 1915 qui connaîtra un surprenant succès. De nombreux artistes, dont notre peintre, ont illustré ce journal.

Ce numéro est disponible à la lecture sur Gallica. 

Maurice Joron reporter de guerre

Si Maurice Joron est démobilisé, la guerre elle fait toujours rage. Les commandes n'affluent plus et notre peintre doit mettre son talent au service d'une autre voie : l'illustrations de guerre.

À partir de ses croquis et de son expérience, Maurice Joron réalise de nombreux dessins et autres esquisses pour illustrer des journaux de guerre. Parmi ceux-ci figures notamment Le Crapouillot, un journal de tranchée satirique ou humoristique fondé en 1915. Ces illustrations de guerre font de Maurice Joron l'un des derniers peintres d'histoire français.

Apparus au XIXe siècle, les journaux illustrés représentant des scènes de guerres remportent un grand succès durant la Première Guerre Mondiale, doublant voir triplant leurs tirages pour certains ! Ces illustrations montraient principalement des combats de corps à corps exaltant l'héroïsme et le patriotisme, dans une esthétique et une représentation de la guerre passées, bien loin de la réalité du noman's land. Bien que témoin des combats, Maurice Joron s'inscrit également dans cette ligne esthétique avec ses illustrations.

Illustration pour « La Guerre documentée ». Maurice Joron. 1915-1918
Illustration pour « La Guerre documentée ». Maurice Joron. 1915-1918

Un groupe de soldats monte à l'assaut. Ce genre de scène emprunte beaucoup à l'esthétique de la peinture d'histoire du siècle précédent.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Illustration pour « La Guerre documentée ». Maurice Joron. 1915-1918
Illustration pour « La Guerre documentée ». Maurice Joron. 1915-1918

Scène d'assaut. Là aussi le soldat individuel reste le sujet au centre du dessin, avec une exaltation de son courage et de son héroïsme. 

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Des soldats russes dans l'Aube ?

Parmi ces illustrations de guerre les représentations des russes de Mailly sont remarquées. En 1916 Maurice Joron accompagne une délégation française venue visiter le camp des Russes et documente sa visite par de nombreux croquis conservés au musée Adrien Mentienne. On peut y retrouver le style particulier de notre illustrateur, qui dépeint ces curieux soldats russes aujourd'hui oubliés.

Débarqués en France entre avril et juin 1916, ces soldats sont envoyés par leur Tsar Nicolas II pour soutenir le front français où ils s'illustrent en Champagne. Ils sont alors considérés comme des sauveurs, acclamés par les foules et la presse qui commandent les fameuses esquisses à Maurice Joron. Casernés au camp de Mailly entre les département de l'Aube et de la Marne, c'est là-bas que notre peintre réalise les croquis.

La révolution russe de 1917 change tout : le 15 mars Nicolas II abdique et des compagnies du corps expéditionnaire s'organisent en soviet. Le gouvernement français décide alors d'envoyer le bataillon au camp de la Courtine dans la Creuse, loin du front. En juillet une partie des troupes fidèle aux soviets se mutine et s'empare du camp, tandis que les Russes fidèles au gouvernement provisoire de Russie en sont expulsés. Deux mois de négociations plus tard, les troupes « loyalistes » reprennent le camp par la force avec l'accord et l'appui discret de l'armée française. Après cet épisode, les soldats russes restants seront répartis entre le front ou les troupes de travaux forcés jusqu'à leur retour au pays entre 1918 et 1920.

Épisode méconnu de la Première Guerre Mondiale, les croquis de Maurice Joron permettent de conserver et de rendre vivant le souvenir de ces Russes venus combattre en France.

Soldat russe entourant l'ours Michka. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916
Soldat russe entourant l'ours Michka. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916

Maurice Joron a représenté le quotidien des troupes russes dans ses dessins. Ici au mess ou marchant au côté de leur surprenante masquotte : l'ours Michka.

MAM 10.130.125.B

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

Portraits d'officiers russes au camp de Mailly. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916
Portraits d'officiers russes au camp de Mailly. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916

Nous pouvons ici apprécier le souci du détail de Maurice Joron dans la dépiction des traits et uniformes des officiers.

MAM 10.130.125.E

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

Portrait du père Okouneff. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916
Portrait du père Okouneff. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1916

Le père Okouneff était le pope officiant de la compagnie de volontaires russes. Chargés d'assurer un soutien spirituel et moral aux troupes.

MAM 10.130.125.C

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

Famille Joron. Photographie. Début des années 1920.
Famille Joron. Photographie. Début des années 1920.

Avec de gauche à droite :

François, Marie-Louise, Maurice, Renée.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Madame Renée Joron

C'est au cours de cette période que Maurice Joron rencontre sa femme : Renée Fourquier. L'anecdote veut que lors d'une séance de portrait avec un client en 1917, le peintre alors âgé de 25 ans aurait évoqué son désir de se marier. Ce fameux client organisa alors la rencontre, et les deux jeunes gens se marièrent en petit comité le 5 juin 1918.

Renée Fourquier vient d'une famille bourgeoise de la région parisienne. Au moment de son mariage avec Maurice elle est engagée auprès de la croix rouge comme infirmière pour soigner les poilus revenant du front. Réputée comme très élégante et raffinée, elle éconduit de nombreux prétendants avant de tomber sous le charme de Maurice.

Quelques temps après leur mariage, le couple Joron s'installe à Vaucresson, dans les actuelles Hauts-de-Seine, où ils vivront jusqu'à la fin de la vie de Maurice en 1937. C'est également à Vaucresson que naîtront leurs trois enfants : François (1919), Marie-Louise (1922) et Philippe (1936).

Si cette nouvelle famille a bien sûr un grand impact personnel pour notre peintre, elle revêt aussi une certaine importance professionnelle. Maurice Joron va en effet énormément peindre et croquer sa famille, productions qui forment une grande majorité des collections du musée. Dessins souvent pris sur le vif, le peintre peut ainsi s'exercer et témoigner de son amour et de sa tendresse par son art.

Renée Fourquier en tenue d'infirmière de la Croix Rouge. Photographie. 1914-1918
Renée Fourquier en tenue d'infirmière de la Croix Rouge. Photographie. 1914-1918

Ici en tenue d'infirmière de la Croix-Rouge, où elle est engagée pour la soulager les blessés de la Grande Guerre.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Mariage de Maurice Joron avec Renée Fourquier. Photographie. 5 juin 1918
Mariage de Maurice Joron avec Renée Fourquier. Photographie. 5 juin 1918

Les deux jeunes gens se marient dans l'église de Corbeil. Il s'agit de la seule photo conservée de cet évènement.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Renée, Philippe et Maurice Joron à Vaucresson. Photographie. 1936-1937
Renée, Philippe et Maurice Joron à Vaucresson. Photographie. 1936-1937

Né en 1936, Philippe est le dernier de la fratrie Joron. Il ne connaîtra malheureusement pas son père qui décède l'année suivante. 

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Famille Fourquier-Joron. Photographie. Années 1920
Famille Fourquier-Joron. Photographie. Années 1920

Avec de gauche à droite :

Georges Fourquier, sa femme Lucienne Duclain, Émile Fourquier (le père de Renée), Gaston Joron, Isabelle Fourquier (la mère de Renée), Maurice Joron, son fils François, Renée Joron. 

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Peinture de cardinaux. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile
Peinture de cardinaux. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile

Un exemple de peinture de cardinaux par Maurice Joron. On comprend bien la portée anticléricale du genre avec le visage tordu du cardinal, et l'intérieur luxueux inspiré de Versailles.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 14.4.13

Vaucresson, ou l'inspiration à portée de pinceau

L'installation à Vaucresson de Maurice Joron semble marquer un tourant artistique pour lui. De nombreuses oeuvres suivant cette installation seront en effet marquées par les inspirations que notre peintre y trouve. À commencer par les paysages des communes environnantes, et tout particulièrement Versailles. 

Les jardins du château sont ainsi beaucoup croqués et peints par Maurice Joron, tout comme les intérieurs qui l'inspirent beaucoup. Cette inspiration se ressent tout particulièrement dans la période dite « des cardinaux » de notre peintre. Un style populaire et anticlérical du début du XXe siècle mettant en scène des cardinaux oisifs dans un cadre luxueux. Maurice Joron s'essaye à ce genre nouveau dans l'entre-deux-guerres et y trouve un certain succès. Or, un oeil attentif peut reconnaître dans les décors de ses tableaux des salles et inspirations directement prises au château du roi Soleil.

Nouveaux paysages, nouveau style de peinture, nouvel atelier peu après son installation... Vaucresson est donc un lieu particulièrement marquant pour la vie d'artiste de Maurice Joron, qui y trouve l'inspiration nécessaire pour faire prendre un nouvel essor à sa carrière. De jeune prometteur, Maurice devient un peintre confirmé et reconnu.

Il y aura en effet de jolies études d'automne à faire dans les bois de Vaucresson. Je les indiquerai en détail à Maurice.

M. ou Mme Fourquier, dans une lettre adressée à Renée Joron le 24 novembre 1918

À VOUS DE JOUER

Reconstitutez ce tableau de Maurice Joron le plus vite possible

Maurice Joron artiste peintre

Nudité. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1910
Nudité. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1910

Dessin péparatoire ou étude d'un nu de femme assise.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.138

Réorientation artistique

À partir des années 1930, le portraitiste Maurice Joron doit se réorienter vers un nouveau genre pictural. En effet le portrait n'est plus aussi populaire : le continuel développement de la photographie ainsi que la crise de 1929 achève le genre. Les riches clients de Joron n'ont plus l'assurance économique leur permettant de dépenser en portrait. Notre peintre portraitiste s'oriente donc vers un genre alors très populaire : le nu.

Présent dans les arts occidentaux depuis l'Antiquité, le nu (en particulier féminin) connaît un grand succès commercial au début du XXe siècle. Cet engouement suit les premières publications sur l'esthétique du nu, ainsi que la reprise des codes du nus par les artistes avant-gardistes. Maurice Joron a déjà pratiqué ce genre de sujet par le passé et s'inscrit donc assez naturellement dans cette vogue.

Après quelques temps de recherche il finit par trouver son modèle : Melle Habourdin, qu'il représentera dans la très grande majorité de ses nus. La réalisation d'un nu commence toujours par la recherche de la pose avec la modèle. Il faut que celle-ci soit esthétique tout en étant assez confortable pour être tenue longtemps. Une fois celle-ci trouvée, le peintre réalise des esquisses à partir desquelles il peut réaliser son tableau. Les nus de Maurice Joron se distinguent par l'effort de mise en scène de l'artiste, qui fait poser son modèle au milieu de tissu pour jouer sur les contrastes de textures et de tons. Ces contrastes sont d'ailleurs le coeur des tableaux, dépourvus de portée pornographique ou érotique. Les nus de Joron connaissent un certain succès, les tableaux se vendent bien et contribuent un peu plus à la popularité de notre peintre.

Nudité. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1936
Nudité. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1936

Nu le plus célèbre de Joron, on peut ici apprécier le travail de sublimation de la chair par les contrates avec les tons des tissus. Le drapé de ceux-ci est également une part importante du tableau, qui le rend plus vivant et renforce l'impression de douceur et de délicatesse de la peau.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 91.1

Nu au taffetas bleu. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1936
Nu au taffetas bleu. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1936

Autre nu de Maurice Joron, ici la position du modèle est pensée pour ce pas tomber dans le registre érotique ou pornographique, ce que détestait le peintre. Le nu doit sublimer le corps féminin de manière purement esthétique, sans le rendre désirable.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.1

Maurice Joron et la photographie

L'invention de la photographie au milieu du XIXe siècle révolutionne le monde de la peinture en proposant une captation du réel inégalable. Les inventions techniques successives vont ensuite démocratiser cette invention (avec le Kodack Brownie vendu 1 dollar en 1900 par exemple) : les peintres ne sont plus les seuls à pouvoir fixer le monde sur un support matériel.

Ce bouleversement technique a un impact artistique sous de multiples formes : certains chercheurs attribuent à la photographie l'éloignement du réel des peintures impressionnistes et avant-gardistes. La concurrence est aussi économique car la photographie est moins chère que les dispendieuses séances de peinture : le portrait n'est donc plus réservé aux élites. Si Maurice Joron n'est initialement pas inquiété par cette concurrence, la crise de 1929 pousse nombre de ses clients à se tourner vers la photographie pour faire leur portrait. Cet état de fait le pousse à créer La Société des peintres de figures (dont Henri Matisse (1869-1954) sera membre), visant à regrouper les intérêts des peintres portraitistes contre la concurrence de la photographie.

La relation entre Maurice Joron et la photographie n'est cependant pas uniquement antagoniste : comme tous les peintres de son époque celui-ci utilise cette technologie comme outil de travail. En effet depuis son invention la photographie a donné aux peintres des études précises pour travailler en atelier : paysages lointains, objets exotiques, etc. Maurice Joron avait par exemple l'habitude de travailler ses nus à partir de photographies des poses de ses modèles. Les clichés de ses tableaux lui permettent aussi de prospecter auprès de marchands et de galeries d'art pour faire connaître son art. La photographie fait donc partie intégrante de la peinture et de l'histoire de Maurice Joron, certes comme concurrente, mais aussi comme outil essentiel de travail.

Melle Habourdin prenant le pose. Photographie
Melle Habourdin prenant le pose. Photographie

Nous pouvons ici voir le modèle de Maurice Joron Melle Habourdin prenant la pose pour un nu. La position est ici exactement que celle du tableau ci-contre. 

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire Maurice Joron)

Nu (Habourdin), Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1932
Nu (Habourdin), Maurice Joron. Peinture à l'huile sur toile. 1932

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.14


Si l'histoire de la photographie vous intéresse, une autre de nos expositions virtuelles lui est consacrée. 

Portrait de Christiane. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1933.
Portrait de Christiane. Maurice Joron. Dessin sur papier. 1933.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.144

Être peintre professionnel

Si Maurice Joron est un artiste, il est également peintre professionnel. Ce statut implique un travail au quotidien et des relations professionnelles avec de nombreux acteurs du monde de l'art. 

Nous avons déjà rapidement évoqué les modèles qui font partie de ce monde artistique. Professionnels engagés pour la copie de leurs corps, le modèle professionnel apparaît au cours du XIXe siècle. Utilisé dans l'enseignement comme dans la réalisation d'oeuvres picturales contre une rémunération, le modèle est un acteur essentiel du monde de la peinture du XIXe siècle à aujourd'hui. Si sa famille a été beaucoup mise à contribution, Maurice Joron a également eu recours à des modèles, parmi lesquels Christiane ou encore Melle Habourdin. 

D'autres acteurs essentiels de la peinture du XXe siècle sont les marchands d'art. Ceux-ci se professionnalisent au cours du XIXe siècle, lorsque les artistes peintres s'affranchissent des normes esthétiques d'une part, et de l'économie des commandes de l'autre. Les peintres souhaitent traiter les sujets qui les intéressent sans passer par les commandes, et ont donc besoin d'un intermédiaire pour vendre leurs tableaux et les exposer. Au début du XXe siècle le marché de l'art et ses agents sont structurés et bien implantés dans le monde artistique. Maurice Joron est en relation avec plusieurs d'entre eux éparpillés sur le territoire nationale et au-delà : Nancy, la Baule, Paris, Nantes ou encore Oran et Londres. En échange de l'envois réguliers de tableaux et d'une commission, les marchands s'occupent de la vente et parfois conseillent Maurice Joron sur les pièces à envoyer.

Enfin viennent les gérants de galeries d'art pour lesquelles Maurice Joron expose. Celles-ci peuvent inviter le peintre à montrer ses oeuvres ou le peintre peut lui-même chercher à les contacter par démarchage. Une correspondance entre Joron et une galerie marchande d'Afrique du Sud nous est par exemple parvenue, détaillant les frais et procédures de transport des oeuvres. Une destination insolite, qui montre bien le rayonnement dont pouvait bénéficier notre peintre à l'époque.

Il y en a trois (des nus) qu'il m'a été complétement impossible de vendre, on trouve les poses indécentes ; il ne faut pas oublier que nous sommes en province !

Georges Eveillard, marchand d'art à Maurice Joron

L'atelier

L’atelier, la lumière de l’atelier, c’est un laboratoire, fait pour examiner les gens et faire sortir au mieux les psychologies.

Maurice Joron

Éventail de fiançailles. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur peau nacre et métal. 1918
Éventail de fiançailles. Maurice Joron. Peinture à l'huile sur peau nacre et métal. 1918

Cet éventail est le cadeau de fiançaille offert par Maurice Joron à sa future femme Renée. On y retrouve l'intérêt pour la peinture sur tissu, avec ici la représentation d'une demande en mariage et de motifs floraux.

© Musée Adrien Mentienne (collection Maurice Joron)

MAM 10.130.75

Lieu de création artistique du peintre par excellence, un bon atelier de peinture doit répondre à plusieurs critères : bénéficier d'une bonne lumière naturelle, accessible, et idéalement au loyer peu cher. Maurice Joron a connu plusieurs ateliers au cours de sa carrière. D'abord installé chez Mme Tavernier, il connaîtra ensuite deux ateliers à Paris (rue Lecourbe et avenue Malakoff) avant de définitivement se fixer à Vaucresson.

La majorité des tableaux de Maurice Joron sortiront de ces ateliers, où il peignera les toiles d'après ses esquisses et invitera ses modèles à venir travailler. Les portraits en revanche sont plutôt réalisés chez les clients « en trois séances de 1 heure », comme le vante le peintre lui-même. La rapidité d'exécution est en effet une marque de fabrique « Maurice Joron », qui peignait portraits et nus en quelques jours seulement.

L'atelier n'est cependant pas un lieu exclusivement réservé à la peinture, mais également à la recherche. Notre peintre a en effet été très tôt intéressé par la peinture sur tissu, et a expérimenté ce domaine dans son atelier avec l'aide de confrères peintres comme Mlle Carro. Il achète donc de nombreuses soieries pour en tester la couleur, les tons et jeux de lumière. Il parvient ainsi à confectionner une technique de peinture sur tissu par pochoir qu'il n'arrivera malheureusement pas à commercialiser.

Premier atelier de Maurice Joron avec les ombres de Maurice Joron et Mme Tavernier. Photographie
Premier atelier de Maurice Joron avec les ombres de Maurice Joron et Mme Tavernier. Photographie

Cette photographie a été prise dans le premier atelier de Maurice Joron chez Mme Tavernier, rue Alfred de Vigny à Paris. On devine les ombres de Maurice Joron et de sa mécène.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire Maurice Joron)

Mme Tavernier et l'abbé Thiriot dans l'atelier de Maurice Joron. Photographie
Mme Tavernier et l'abbé Thiriot dans l'atelier de Maurice Joron. Photographie

Toujours dans le même atelier, mais cette fois avec l'abbé Thiriot et Mme Tavernier. Ces deux personnages ont été très importants et présents dans la vie de Maurice Joron, jusque dans l'intimité de sa création artistique.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire Maurice Joron)


L'atelier de Maurice Joron a été en partie reconsituté au musée Adrien Mentienne.

À retrouver dans notre visite à 360°. 

L'Expositioin de 1937 vue de la Tour Effeil. André Devambez. Peinture à l'huile sur toile. 1937
L'Expositioin de 1937 vue de la Tour Effeil. André Devambez. Peinture à l'huile sur toile. 1937

La dernière oeuvre

En 1937 Paris accueille l'exposition universelle (ou internationale). Du 25 mai au 25 novembre, plus de 31 millions de personnes visitent les pavillons français et étrangers (54 pays y sont représentés) célébrant l'union de l'art et de la technique ainsi que la paix dans le monde.

Très populaire parmi les anciens Poilus, Maurice Joron est choisi par concours pour décorer le pavillon du Ministère des Anciens Combattants. Bien que cette toile ait aujourd'hui disparue, le musée Adrien Mentienne conserve des dessins préparatoires du tableau. Intitulé Les croisés de Saint-Louis, les invalides de Louis XIV, les poilus de Clémenceau, cette fresque historique de 3m20 sur 2m90 fait le lien entre les différentes générations de soldats ayant donné leur vie pour la France. Trois époques différentes s'y mêlent, en rangées de combattants armés selon leur époque mais avançant vers la même direction dans un mouvement descendant de la gauche vers la droite.

Le tableau sera la dernière oeuvre de Maurice Joron qui l'achève difficilement mais dans les temps. Notre peintre est en effet de plus en plus fatigué, sans que les nombreux médecins qui l'examinent ne puissent identifier le mal. Maurice Joron est alité le 15 septembre, avant de s'éteindre entouré de ses proches à Vaucresson le 4 octobre 1937.

Ainsi se termine l'histoire de ce grand peintre portraitiste. Artiste aujourd'hui peu connu mais dont l'art a obtenu un succès national et international en son temps. Art que vous pouvez toujours apprécier au musée Adrien Mentienne de Bry-sur-Marne.  

Croquis du tableau de l'Exposition universelle de 1937. Maurice Joron. 1936
Croquis du tableau de l'Exposition universelle de 1937. Maurice Joron. 1936

Nous pouvons voir dans ce croquis la composition globale du tableau, ainsi qu'une première idée de la composition des couleurs. Nous y discernons une dominance de bleu et de rouge qui évoquent les couleurs de Paris et du drapeau tricolore.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)

Croquis du tableau de l'Exposition universelle de 1937. Maurice Joron. 1936
Croquis du tableau de l'Exposition universelle de 1937. Maurice Joron. 1936

Ici les tracés des figures sont plus précis. Nous pouvons nettement discerner les poilus, au premier plan, défilant devant les invalides de Louis XIV (représenté en clair au milieu à droite de la fresque) avec les chevaliers croisés de Saint-Louis en arrière plan.

© Musée Adrien Mentienne (fond documentaire)


À vous de jouer !

Merci beaucoup d'avoir suivi cette exposition autour de Maurice Joron.

Voyons maintenant ce que vous en avez retenu !

Partager la page