La grotte de Daguerre
Effrayée par les troubles populaires qui secouent Paris en 1848, la châtelaine de Bry Geneviève de Rigny, sur les conseils du maire de Bry Armand Mentienne, décide d’ouvrir un chantier dans sa propriété sur le modèle des ateliers nationaux, afin d’occuper des chômeurs. Elle charge Daguerre de réaliser un aménagement paysager dans le vaste parc de son château et lui confie la direction des travaux.
Souhaitant imiter et reproduire la nature, Daguerre conçoit un véritable diorama naturel dans les environs de l’actuelle rue Marcelin Berthelot. Il ordonne d’importants mouvements de terrain et réalise un pittoresque paysage d’inspiration romantique. Il fait élever une petite colline, sur laquelle il construit les ruines d’un vieux château médiéval et plante des sapins. Au bas de la colline, il érige une chapelle en ruine, avec arcatures, et aménage une fausse grotte baignée par un étang environné de rochers. Pour accéder à la grotte, il fait bâtir un pittoresque pont de pierre qui franchit l’étang. Jouant avec la végétation, il s’arrange pour que ce paysage grandiose se révèle inopinément aux yeux des visiteurs au détour d’un chemin pour créer un effet de surprise.
Après la mort de la Daguerre et de Geneviève de Rigny, le site de la grotte, qui s’étendait sur près de 5 000 m², est inclus dans un lot du domaine de Bry, mis en vente par les héritiers de Geneviève de Rigny en 1859. La grotte et les ruines sont encore visibles en 1907, envahies par une végétation luxuriante. On pouvait encore lire à cette date, sur une pierre de la grotte, la signature de Daguerre et le millésime de construction. Les aménagements de Daguerre ont sans doute disparu dans les années 1910, lors de la construction des premières maisons de la rue Marcelin Berthelot. Le souvenir de cette grotte s’est toutefois perpétué jusqu’en 1944 dans un nom de rue, la rue de la Grotte, ancienne dénomination de la rue du Vingt-Six Août 1944.